Tous les mouvements que nous effectuons dès la naissance ne sont pas anodins, car ils véhiculent des messages dans toutes nos cellules afin de préparer chaque muscle, chaque os et surtout le cerveau, pour marcher en permanence en mode bipède.
Au début, pour marcher, les mouvements sont complètement réflexes
Ils s’activent à tour de rôle, scandés par notre programme génétique et modulés par la qualité de l’environnement humain qui nous accueille. Jour après jour l’activité musculaire augmente et si nos membres bougent avec peu de coordination, la tête commence à suivre le mouvement des yeux. Ainsi, grâce au mouvement des muscles oculomoteurs, on apprend d’abord à tenir la tête, pour ensuite contrôler les muscles du tronc et faire gigoter les membres. L’organisation posturale du corps est en effet descendante, c’est-à-dire qu’elle commence par l’éveil des muscles du haut du corps et se termine au niveau des pieds. Les mouvements des jambes et des bras, assez chaotiques au départ, sont en réalité des archétypes bien précis, à travers lesquels les articulations du corps commencent leur « rodage ».
Le rodage des articulations par des mouvements désordonnés
Les mouvements des jambes sollicitent la coordination entre chevilles, genoux et hanches. Les mouvements des bras éveillent la dynamique des épaules, des coudes et des poignets. Une fois ces articulations rodées, d’autres archétypes s’activent afin de mettre en place la coordination entre les mouvements des jambes et des bras. Les 5 premiers mouvements nous permettent de développer notre proprioception (un premier niveau de conscience de soi et de son corps) et d’entamer dans le cerveau la construction du schéma corporel. Ils stimulent également nos sens extéroceptifs, nous permettant d’interagir avec le monde. Ensuite nous sommes prêts à accomplir le premier mouvement de déplacement dans l’espace comme rouler. Ce mouvement annonce une phase évolutive extrêmement puissante car, à partir de ce moment nos mouvements ne sont plus réflexes, mais tendent vers une cible. Ils deviennent intentionnels. On commence à explorer le monde de façon volontaire, avec un but.
Le début des mouvements conscients pour marcher
On est alors capable de se déplacer en rampant, comme un reptile, pour ensuite marcher à 4 pattes, comme le font les mammifères. Pendant cette phase, on éloigne le tronc du sol, grâce aux forces antigravitationnelles qui commencent à s’éveiller dans le corps. Ensuite les genoux quittent le sol, on marche comme un ours, étape intermédiaire très courte qui précède la position accroupie/debout. Une phase cruciale pour la conquête de la verticalité. En effet, cette position, qui ressemble à celle de la grenouille, engage pour la première fois la plante du pied. Elle entre en contact avec le sol, pour s’entraîner dans son rôle de soutien du corps. À partir de ce premier contact, il faudra encore du temps pour construire la solidité de nos racines, sur lesquelles repose l’ensemble du corps.
Quand les muscles commencent à jouer leur rôle
Ainsi, à environ 12 mois, les chaînes musculaires, comme les tenseurs d’une tente, se redressent. Le corps est désormais prêt à assumer sa verticalité, même si l’enfant utilise encore ses mains comme balancier. Après de nombreuses tentatives, il se lance enfin dans la marche et, pas à pas, ses mouvements deviennent de plus en plus précis et coordonnés. Un temps d’intégration est évidemment nécessaire pour tout harmoniser. Le haut du corps doit se laisser porter par le bas, pendant que les articulations des jambes apprennent à travailler en équipe, chacune dans son rôle. C’est ainsi que chaque mouvement archétypal prépare tous les détails d’une marche harmonieuse.
La maturation de la marche
Si l’âge pour marcher librement (au moins 7 pas consécutifs) commence entre le douzième et le seizième mois de vie, il faudra attendre 6 ou 7 ans pour avoir toutes les qualités d’une marche adulte. Celle-ci est surtout caractérisée par l’attaque du talon et le déplacement alterné des bras et des jambes, qui apparaissent vers 2 ans pour être intégrés définitivement à 4. D’autres paramètres de la locomotion changent également avec l’âge. La cadence qui, plus importante au début, diminue petit à petit. La vitesse et la longueur du pas, assez modestes pour commencer, vont devenir plus importantes avec l’expérience.